La gestion de la pollution marine demeure l'une des questions les plus complexes . Si nous avons fait des progrès significatifs dans la gestion de la pollution terrestre et atmosphérique grâce aux avancées technologiques, la situation des océans reste préoccupante. En effet, avec l'aide d'outils modernes tels que les satellites, les drones et les capteurs , nous pouvons surveiller en temps réel la qualité de l'air et des sols.

Par exemple, les satellites peuvent mesurer les concentrations de gaz à effet de serre et autres polluants atmosphériques. Cependant, malgré ces avancées, les océans, qui couvrent plus de 70 % de la surface terrestre, continuent de souffrir des actions anthropiques . La dispersion des polluants, comme les microplastiques ou les produits chimiques, se fait sur de vastes étendues, ce qui rend leur gestion d'autant plus difficile. Le plus grand défi dans la pollution des océans ne réside pas seulement dans des phénomènes visibles tels que les marées noires, mais plutôt dans la gestion de ce qui échappe à l’œil nu les microplastiques. Ces petites particules de plastique qui sont, souvent invisibles, se dispersent dans les océans et sont pratiquement impossibles à détecter et à éliminer efficacement. Leur présence dans Les fonds marins représente une menace invisible, mais profonde pour les écosystèmes marins. La difficulté réside donc dans la capacité à maîtriser cette forme de pollution.

 Que sont les microplastiques ?

Les microplastiques sont des particules de plastique dont le diamètre ne dépassent pas 4 à 5 mm. Les principales sources des microplastiques incluent les produits de consommation courante utilisés pour l'emballage et l'expédition, les textiles synthétiques, la poussière urbaine, les éclats de peinture, les revêtements marins, les marquages routiers et les produits de soins personnels.

Des études montrent que la dispersion des microplastiques dans les océans se fait facilement. En effet, les eaux marines sont influencées par des facteurs tels que la force de Coriolis et les conditions météorologiques, qui génèrent des courants océaniques puissants. Ces courants permettent aux microplastiques de se déplacer sur de très longues distances, amplifiant ainsi leur étendue et leur propagation à travers les océans. Alors que les scientifiques continuent de rechercher des solutions efficaces pour localiser les polluants dans les océans, le SIG émergent comme un outil primordial pour aider à mesurer l'ampleur de la pollution marine. Plusieurs conférences ont été organisées par ESRI dans le but de collaborer avec divers partenaires afin de participer à l'étude et à la gestion des microplastiques dans les océans.

Le NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) et ESRI affirment que le suivi et la localisation des microplastiques sous les océans sont très complexes, et jusqu'à aujourd'hui, il n'existe  pas  d'outil adapté pour les localiser. Cependant, des essais sont en cours pour localiser les microplastiques à la surface de l'océan. Selon les propos du Dr Jennifer : « La technologie de télédétection serait très utile pour mesurer les microplastiques depuis l'espace. Cette technologie permettra de savoir d'où viennent les plastiques et où ils se trouvent. » Ainsi, le SIG peut finalement jouer un rôle clé dans la gestion de la pollution marine en utilisant la télédétection, en effet les spectres dans le proche infrarouge pourraient permettre de suivre la trajectoire de ces particules lorsqu'elles sont localisées sur la surface des océans.

Quels projets de suivi des microplastiques ?

L'Agence spatiale européenne a participé au financement du projet « OptiMAL » qui vise à localiser les microplastiques inférieurs à 5mm, En 2018 , Paolo Corradi annonce que « Pour l'instant, l'objectif est de démontrer la faisabilité de la télédétection des déchets plastiques avec des satellites. À terme, les scientifiques aimeraient être en mesure de fournir des données qui pourraient produire une carte des concentrations mondiales de débris plastiques ». D’autres projets ayant le même but ont été lancés par d’autres organismes comme l'Agence Spatiale Européenne qui porte le projet RESMALI.

Premiers résultats : Une cartographie réalisée !

 Grâce à la télédétection et aux images satellites, une cartographie innovante a été réalisée pour identifier les zones de concentration des microplastiques dans les océans. Cette étude est menée à l’aide des satellites météorologiques “Cyclone Global Navigation      Satellite System(CYGNSS). Elle exploite la capacité de ces satellites à mesurer la rugosité de la surface des océans. Cette rugosité est liée à la tension créée par la présence de microplastiques. Chris Ruf, spécialiste du climat et de l’espace à l’Université du Michigan, explique : « Nous avons initialement utilisé les données radar de la rugosité de la surface pour mesurer la vitesse du vent, tout en sachant que les substances présentes dans l’eau modifient sa réactivité à l’environnement. »( NVIRO2B, 2021). Cette approche a ouvert la voie à une méthode de détection des microplastiques à plus large échelle.

Figure 1: Carte de concentration des microplastiques dans les Océans en fonction des mois, Source: college of engineering, Climate and Space Science Engineering, University of Michigan 05/2022.

La carte réalisée dans cette étude (Figure 1) met en évidence l’influence des variations saisonnières sur la concentration de microplastiques dans les gyres océaniques. Par exemple, en été, les concentrations augmentent sous l’effet de facteurs météorologiques qui limitent leur dispersion et donc se concentrent dans des zones particulières . En revanche, en hiver, les concentrations diminuent en raison d’autres conditions climatiques.La carte produite dans le cadre de cette étude offre une première vision de la localisation  et  des  concentrations  de microplastiques dans les océans. Bien qu'elle constitue une avancée majeure, elle représente avant tout un point de départ, ouvrant la voie à des recherches plus approfondies et à des analyses encore plus détaillées à l’avenir.

Bibliographie :

Dupont-Besnard, M. (2021, juin 28). Voici une carte satellite de la pollution microplastique dans l’océan. Numerama. https://www.numerama.com/sciences/722436-voi ci-une-carte-satellite-de-la-pollution-microplasiq ue-dans-locean.html

/planete/definitions/ocean-microplastique-15886

Rédaction. (2021, juin 24). Une étude satellite vient de changer la façon dont nous suivons les microplastiques à l’échelle mondiale. Enviro2B. https://www.enviro2b.com/2021/06/24/une-etude

-satellite-vient-de-changer-la-facon-dont-nous-ui vons-les-microplastiques-a-lechelle-mondiale/

Galgani, F., Bruzaud, S., Duflos, G., Fabre, P., Gastaldi, E., Ghiglione, J., Grimaud, R., George, M., Huvet, A., Lagarde, F., Paul-Pont, I., & ter Halle, A. (2020). Pollution des océans par les plastiques et les microplastiques. Techniques de l’Ingénieur.

https://doi.org/10.51257/a-v1-bio9300

Ritchie, H., Samborska, V., & Roser, M. (2023). Plastic Pollution. Our World in Data. https://ourworldindata.org/plastic-pollution

 Microplastique : Tout ce que vous devez savoir à son sujet. (s. d.). Consulté 24 décembre 2024, àl’adresse,https://greenly.earth/fr-fr/blog/actuali tes-ecologie/microplastique-tout-ce-que-vous-de vez-savoir-a-son-sujet